L'enjeu derrière les modèles ouverts est d'être capable de structurer volontairement des dynamiques de collaboration décentralisée massive propres au numérique.
Autant pour du logiciel (open source), de la recherche (open science), du contenu pédagogique (open education), des données (open data), sur des plans d'outils et de machines (open hardware)... autour des communs numériques.
L'idée est déjà de se dire que c'est une dynamique existante au sein du monde du logiciel et que ce sont les germes de phénomènes plus globaux.
Des décennies ont permis au monde du logiciel d'expérimenter ces phénomènes par leur contact privilégié avec le numérique.
D'abord certains ont formalisé le partage du code, dont Richard Stallman a joué un rôle critique avec le mouvement du logiciel libre dans les années 80. Par des intérêts convergeant certains se sont mis à collaborer sur des mêmes logiciels ce qui a permis de bénéficier de certaines formes d'intelligence collective, poussant Eric Raymond en 1997 dans the Cathedral and the Bazaar à tenter d'esquisser une méthodologie pour produire un logiciel de façon ouverte et collaborative.
Le logiciel open source reste un modèle avec ses (nombreuses) imperfections, mais devient aujourd'hui incontournable et façonne notre univers numérique.
Ces logiques collaboratives sont rendues possibles au moins par l'existence d'une infrastructure, d'environnements socio-technique. La démocratisation d'Internet et du web (et d'un certain nombre de logiciels) sur la même période ont dû jouer un rôle fondamental dans l'émergence de ces pratiques, ainsi que toute une culture propice à cette collaboration.
Le postulat derrière les modèles ouverts est de se dire que ce qui se passe dans le monde du logiciel est susceptible de se reproduire ailleurs au fur et à mesure de la démocratisation du numérique.
Grâce à l'open science, la communauté scientifique se met à partager la recherche, des environnements socio-techniques se construisent alors, avec la possibilité d'entraîner des logiques collaboratives autour de sujets communs.
Grâce à l'open education, la communauté éducative se met à partager le contenu pédagogique, des environnements socio-techniques se construisent alors, avec la possibilité d'entraîner des logiques collaboratives autour de sujets communs.
Grâce à l'open hardware, des organisations se mettent à partager les plans de machines/outils, des environnements socio-techniques se construisent alors, avec la possibilité d'entraîner des logiques collaboratives autour de sujets communs.
Des phénomènes qui dessineraient des ressources, des communs structurants au travers d'une certaine d'intelligence collective. Tous ces acteurs risquent ensuite de se questionner sur comment structurer ces logiques collaboratives.
C'est quoi le numérique ?
[Cross-post LinkedIn et Hub ideavox]